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14  DOSSIER  TRAXIO MAGAZINE #211 01-02/2024                                                            DOSSIER  15





 NOTE SUR LES IMPACTS CO
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 Les chiffres indiqués en pages suivantes se rapportent au bilan
 ‘tank-to-wheel’ (du réservoir à la roue), c’est-à-dire sans tenir
 compte du processus de fabrication de l’énergie. Celui-ci varie
 en effet énormément (ne songeons qu’au mix énergétique entre
 la Belgique et l’Allemagne). Une bonne partie du lobbying ‘pro’ ou
 ‘contra’ tend d’ailleurs à mélanger (sciemment ?) les calculs ‘tank-
 to-wheel’ et ‘well-to-wheel’ (du puits à la roue), ce qui peut semer le
 trouble chez les futurs acheteurs.


























 Il est aujourd’hui relativement facile de se fournir en gaz naturel et, demain, en biogaz. (© Jost)

                                                                      Le HVO permet déjà de réduire ses émissions de CO  de 89 %. (© CY)
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 Le gaz et le biogaz  Le HVO et les futurs e-fuels

 Le gaz naturel est utilisé comme carburant   est inférieure à la consommation d’un ensemble   même molécule, mais produite à partir de sources   Cela fait des années que l’on parle de ‘biodiesel’.  Le bilan CO  du HVO est très bon : un litre de   thermique. On pourrait les fabriquer à partir de
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 depuis environ 10 ans en Belgique. Sous forme   équivalent au diesel. En Allemagne, le LNG a aussi   renouvelables. Le biogaz provient aujourd’hui de ce   En Belgique, on a vu des camions rouler avec un   HVO émet 89 % de CO  en moins qu’un litre   CO  capté dans l’atmosphère ou dans le biogaz.
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 comprimée (CNG) ou liquéfiée (LNG) il permet   bénéficié (jusqu’au 1  décembre 2023) d’une   l’on appelle des intrants (le fumier ou le lisier) dont   carburant à base d’huile de colza, par exemple,   de diesel ‘fossile’. Il a cependant un coût élevé   Cette technologie Power-to-X requiert cependant
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 de réduire avant tout, en plus du niveau sonore,   exemption de la taxe kilométrique (LKW-Maut).  la ‘digestion’ génère un mélange composé pour 50 à   mais  les  résultats  n’étaient  pas  concluants,  (2,92 EUR/l au 13 novembre) car l’état prélève   un certaine quantité d’hydrogène. Elle ne sera
 les émissions de CO  de 10 à 15 % environ et   70 % de biométhane et pour 30 à 50 % de CO .   notamment parce que les moteurs s’encras-  les mêmes accises que sur le diesel, tout en   donc neutre en CO  que si l’e-fuel est fabriqué
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 les émissions nocives (oxydes d’azote) de 30 %.   De nouvelles technologies permettent aujourd’hui   saient beaucoup trop vite.   excluant le HVO du système de diesel profes-  avec de l’hydrogène ‘vert’ (voir plus loin).
 Un prix au kilo très fluctuant  de réduire le risque de voir ce CO  libéré dans l’at-  sionnel propre aux transporteurs. D’autre part,  Le coût de production de ces e-fuels (génération
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 mosphère. L’autre intérêt du biogaz est qu’il est une   son coût de production est aussi grevé par des   d’électricité verte > fabrication d’hydrogène vert >
 Une technologie éprouvée  Là où le bât a blessé, c’est au niveau du prix.   source d’énergie indigène et une source d’emplois   HVO ou B100 ?  volumes encore modestes.   fabrication d’e-fuels) risque donc d’être très élevé.
 Jusqu’en juillet 2021, le kilo de LNG coûtait   non délocalisables.  Quelques transporteurs ont installé une station   Il faudra aussi voir si l’Union Européenne classe
 La technologie est aujourd’hui parfaitement   environ 70 % du litre de diesel. Cela faisait du   Il est déjà possible de rouler au BioLNG en   A l’heure actuelle, deux biodiesels sont utilisés en   HVO chez eux. Le réseau de stations HVO ne   ces e-fuels dans la liste des vecteurs d’énergie
 mature, mais elle a pratiquement déserté les   camion LNG une alternative financièrement   recourant à un système de certificats. Une flotte   Europe : le HVO et le B100. Le HVO (Hydrotreated   couvre pas encore tout le territoire. Le triangle   neutres en carbone (décision attendue en 2024)…
 gammes d’utilitaires légers, plus aptes à être élec-  intéressante, puisque le surcoût à l’achat se   achète ces certificats et reçoit la certitude que   Vegetable Oil) est fabriqué à partir de déchets   Anvers-Gand-Bruxelles est bien desservi, mais pour   et si d’autres secteurs que le transport terrestre (on
 trifiées. Du côté des poids lourds, le marché se   récupérait au prorata des kilomètres parcourus.   l’équivalent d’une partie de sa consommation   d’origine végétale ou de graisses (comme l’huile   le reste, on ne compte qu’une station en Campine   pense à l’aviation en particulier) ne seront pas consi-
 partage entre les moteurs ‘à bougie’ (chez Iveco   La situation s’est ensuite dégradée puisque le kilo   est injectée sous forme de biogaz dans le réseau.   de friture). Par le passé, on a pu critiquer ce   et deux près de Liège. Les Pays-Bas sont bien   dérés comme prioritaires.
 et Scania) et les moteurs bicarburant à cycle   de LNG a atteint… 210 % du litre de diesel en   A mesure que la production augmente, on pourra   biodiesel  parce  qu’il  entrait  en  concurrence   couverts, l’Allemagne s’y met lentement mais en
 diesel (chez Volvo Trucks). Les premiers n’uti-  septembre 2022. Dans ces conditions, nombreux   rouler à 100 % avec du gaz bio.   avec la production alimentaire. Aujourd’hui,  France, le HVO est pratiquement inconnu pour une
 lisent pas de diesel et les seconds une quantité   sont les transporteurs à avoir mis des véhicules à   les critiques se concentrent sur le fait qu’entre   raison politique : les autorités y ont privilégié le B100,   IMPACT CO
 faible, principalement pour le démarrage.   l’arrêt. Aujourd’hui, le kilo de LNG coûte environ   parfois dans sa composition de l’huile de palme,  un autre biodiesel fabriqué exclusivement à partir   2
 Le réseau de stations couvre désormais correcte-  1,26 EUR (HTVA) à la pompe, contre 1,59 EUR/l   IMPACT CO  largement critiquée pour son rôle dans la défo-  de colza… français. Certains transporteurs belges   -  HVO : - 89 % par rapport au diesel
 ment tout le territoire belge (26 stations LNG) et   pour le diesel. Soit 20 % moins cher.   2  restation de la forêt amazonienne. Il existe   roulant principalement en France utilisent donc du   fossile (et - 30 % de particules fines et
 européen (708 stations, selon NGVA).   -  Gaz naturel : - 6 % (+ impact d’une   cependant du HVO dont les intrants sont sans   B100, relativement facile à trouver dans l’Hexagone.  - 9 % d’oxydes d’azote)
 Aux derniers comptages, 1. 219 poids lourds   consommation moins élevée = - 10 à   reproche.
 roulent au gaz naturel en Belgique. Leur surcoût  L’avenir est au ‘bio’  - 15 %)  Le HVO peut être utilisé dans tous les moteurs    (Source : Energiafed)
 à l’achat a parfois été compensé par une prime à   diesel conformes à la norme EN15940. Si l’on  Demain, les e-fuels ?  -  B100: - 65 tot - 80 %
 l’achat (désormais prise en charge par la fédération   Le gaz naturel reste cependant un carburant fossile   -  Biogaz : - 80 %   ne trouve pas de HVO à la pompe, on peut sans   (Source : ADEME)
 gazière gas.be), mais les résultats montrent que la   et, à ce titre, ce n’est qu’une solution transitoire. C’est   (Source : ADEME)  problème repasser au diesel ‘fossile’. L’utilisabilité   Les carburants de synthèse constituent l’espoir
 consommation de LNG d’un ensemble de 40 tonnes   là qu’intervient le biogaz. Il s’agit exactement de la   du véhicule est donc garantie.   ultime pour maintenir la viabilité du moteur
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