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REPORTAGE 43
         TRAXIO MAGAZINE #215 09-10/2024
























         Ulrich Viaene


         que n’importe quelle entreprise de dépan-  de la Mobilité pourrait être meilleure. On trouve   ment rentable. Contrairement à ce que certains
         nage-remorquage se pose la même question.   toujours des cowboys qui écument les auto-  pensent, nous n’avons pas tiré le gros lot en
         Les tarifs actuels, sous pression de la concur-  routes et n’hésitent pas à nous piquer un client   collaborant avec le F.A.S.T. Les collègues ne
         rence qui fait rage, rendent cela particulièrement   F.A.S.T. et nous font sortir pour rien.”   voient que les missions qui nous sont confiées
         difficile.”                        Ulrich confirme que F.A.S.T. est synonyme   en ignorant la réalité moins rose qui se cache
                                            d’amélioration. Tout en affirmant qu’il entrevoit   parfois derrière.”
                                            des failles dans le système. “Les tarifs que nous   L’électrification  est  une  autre  évolution  qui
         F.A.S.T.                           sommes autorisés à pratiquer sont calculés au   requiert des investissements supplémentaires.
                                            plus juste. En outre, nous devons remplir toute   “Les EV demandent une tout autre approche.
         Qu’est-ce qui a changé d’autre pendant toutes   une série de conditions très strictes, surtout   Pas tellement en matière de remorquage mais
         ces années ? “Un important changement fut   en matière de temps d’arrivée sur le lieu d’un   sur le plan de l’encadrement. Il faut investir dans
         l’introduction du F.A.S.T. (Files Aanpakken door   incident. En ce moment, les proportions entre les   des formations spéciales destinées aux chauf-
         Snelle Tussenkomst) de l’Agence flamande de la   conditions et les recettes ne sont pas correctes.   feurs de nos dépanneuses. Mais aussi dans du
         Mobilité,  estime  Marcel.  “Auparavant  nous  ne   Car sur 100 véhicules que le F.A.S.T. nous   matériel. Les EV présentent un risque plus élevé
         dépendions pas de la gendarmerie, devenue la   demande de remorquer, 20 stagnent sur nos   d’incendie. Et lorsqu’incendie il y a, il n’est pas
         police fédérale, pour obtenir ces missions. Ce qui   terrains. Elles appartiennent à des étrangers   question de l’éteindre comme sur une voiture
         donnait lieu à des pratiques douteuses telle que   qui abandonnent purement et simplement leur   classique. Il faut disposer d’un conteneur spécial
         l’échange  de  dessous  de  table.  La  création  du   véhicule. Et ne paient pas. En plus, un certain   dans lequel l’EV sera plongé pendant un temps
         F.A.S.T. a apporté une structure. Même si la   pourcentage d’automobilistes ne peut ou ne   donné. Par ailleurs, il faut prévoir une zone
         coordination entre la police et l’Agence flamande   veut pas payer. Ce service est donc difficile-  tampon de deux mètres lors de l’entreposage
                                                                               de l’EV, justement en raison du risque d’incen-
                                                                               die. Autrement dit ce type de véhicule prend
                                                                               plus de place qu’une voiture classique à moteur
                                                                               thermique.  Ce qui  a  un impact  sur  la  quantité
            TROUVER DU PERSONNEL ADÉQUAT                                       de voitures qu’il y a moyen d’entreposer. Et par
                                                                               conséquent sur la rentabilité du terrain.”
            RESTE UN ÉNORME DÉFI

            A l’instar du secteur automobile tout entier, nous faisons face au défi quotidien de trouver   Assistance internationale
            et fidéliser du personnel adéquat. “L’activité de dépannage-remorquage constitue un
            secteur très spécifique trop petit pour engager des collaborations avec l’enseignement   A côté des services de dépannage-remorquage
                                                                               dans le grand Anvers, Viaene se charge aussi
            ou le VDAB” constate Ulrich Viaene. “Nous devons donc nous-mêmes partir à la recherche   de rapatrier des véhicules tombés en panne à
            des perles rares et leur prodiguer des formations spécifiques. Car un dépanneur doit   l’étranger. Ce domaine est surtout la passion de
            disposer de compétences particulières. Il répond au profil d’un débrouillard qui aime le   Marcel qui s’est focalisé sur ce service une fois
            contact avec les gens, même dans des circonstances peu amusantes. A l’heure actuelle,   retraité. “Je demeure passionné par le métier
                                                                               auquel j’ai consacré toute ma vie. Maintenant
            nous employons seize personnes, qui se donnent corps et âme à ce métier.”  que j’ai cédé l’affaire à Ulrich, je peux me dédier
            “Parce que la formation pour conduire une dépanneuse est devenue extrêmement chère   à l’assistance à l’étranger. Je combine l’utile à
            les dernières années, ils sont moins n ombreux à vouloir passer le permis C. En effet, ils   l’agréable.”
            ignorent s’ils aimeront ce métier et le coût de l’obtention du permis frôle les 2.500 euros.   "Nous avons créé une entreprise de transport
                                                                               distincte pour cette activité. Hormis le rapatrie-
            Quant à nous, nous nous exposons au risque d’investir dans cette formation. Lorsqu’on   ment de véhicule de compatriotes malchanceux,
            finance l’obtention du permis C d’un candidat et qu’au bout de quelques semaines ou   nous assurons aussi le transport pour le compte
            mois il jette l’éponge, nous avons investi à fonds perdu. A chaque embauche, il faut   de  sociétés  de  location  qui  livrent  du  matériel
            tâcher de voir à qui on a à faire. Car être dépanneur est une vocation. On a cela dans le   de chantier. Il est essentiel de savoir se montrer
                                                                               créatif et de diversifier la rentabilité de l’entre-
            sang et une fois qu’on a attrapé le virus, c’est pour la vie.”     prise.”
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